Les bénéfices majeurs de l’agriculture sans labour : une pratique durable et innovante

14 avril 2025

Réduction de l’érosion des sols : un enjeu écologique majeur

L’une des conséquences directes du labour est qu’il laisse la terre dénudée et vulnérable aux éléments. La pluie, le vent et d’autres phénomènes naturels peuvent entraîner une érosion significative du sol, emportant avec eux les couches les plus fertiles. Selon l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE), l’Europe perd entre 2,2 et 2,7 tonnes de sol par hectare et par an à cause de l’érosion. Cela représente une véritable menace pour les cultures futures.

L’agriculture sans labour limite cette vulnérabilité. En maintenant une couverture végétale permanente (comme des résidus de culture ou des engrais verts), cette pratique protège la surface des sols contre le ruissellement et les vents violents. Résultat : les sols sont mieux préservés, leur fertilité naturelle reste intacte, et la biodiversité qu’ils abritent prospère.

Amélioration de la structure et de la santé des sols

Labourer le sol le fragmente et désorganise ses strates naturelles. Ces perturbations peuvent notamment perturber les réseaux racinaires des cultures, les micro-organismes et les vers de terre, essentiels pour obtenir un sol vivant et résilient.

En revanche, ne pas travailler le sol intensivement permet de maintenir sa structure naturelle. Cela favorise la création de galeries par les vers de terre, essentiels pour une aération et un drainage optimal. Les micro-organismes prolifèrent également dans un sol non retourné, créant ainsi un écosystème sain et équilibré où les nutriments sont recyclés efficacement. Ce sol vivant devient alors une réserve durable en matière organique, riche en carbone et en éléments nutritifs essentiels pour les cultures.

Réduction des coûts et augmentation de la rentabilité

Le labour représente une opération coûteuse pour les agriculteurs : il consomme à la fois du carburant et demande un équipement spécifique lourd, comme les charrues ou les tracteurs puissants. Cette intensité mécanique a également un coût en termes d’usure et de maintenance des machines agricoles.

L’agriculture sans labour réduit significativement ces dépenses. Non seulement les passages répétés des machines sont moins nombreux, mais cette méthode requiert moins de temps de travail. En effet, selon des études réalisées au Canada, les exploitations agricoles ayant adopté le semis direct (une technique sans labour) économisent jusqu’à 25 % en coûts de production. Ces économies permettent même à certaines fermes de réinvestir dans des solutions durables et innovantes, telles que des stations météo connectées ou des drones pour surveiller la santé des cultures.

Une solution face aux changements climatiques

Face à la crise climatique, l’agriculture doit repenser ses pratiques pour atténuer son empreinte carbone et s’adapter aux bouleversements environnementaux. L’agriculture sans labour est ici un outil clé. Pourquoi ? Parce qu’elle a le potentiel d'agir directement sur le stockage du carbone dans les sols.

Le sol est un puits de carbone gigantesque, capable de capturer d’importantes quantités de CO2 atmosphérique. Toutefois, le labour libère une grande partie de ce carbone en bouleversant son équilibre. En pratiquant une agriculture sans labour, on favorise le stockage durable du carbone dans le sol (séquestration du carbone), ce qui contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

En outre, les terres agricoles gérées sans labour sont mieux armées pour affronter les aléas climatiques tels que les sécheresses ou les pluies torrentielles. La structure naturelle des sols, renforcée par cette méthode, agit comme une éponge qui retient l’eau en cas de sécheresse et limite le ruissellement en période de fortes pluies.

Favoriser la biodiversité des écosystèmes agricoles

Le labour intensif peut entraîner une perte de biodiversité dans les champs, notamment en raison de la perturbation des habitats naturels. À l’inverse, l’agriculture sans labour offre un environnement plus propice à divers organismes vivants.

En maintenant une couverture végétale quasi permanente, cette méthode attire des auxiliaires de cultures comme les coccinelles ou les abeilles, essentielles pour la pollinisation et la lutte biologique contre les ravageurs. Le sol, quant à lui, devient un refuge pour les vers de terre, les champignons et les bactéries bénéfiques. Au-delà du sol, les animaux comme les oiseaux et les petits mammifères trouvent aussi dans ces champs non labourés des habitats où se nourrir et se reproduire.

Les défis à relever pour une adoption plus large

Malgré ces nombreux avantages, l’agriculture sans labour n’est pas sans défis. Certaines parcelles très compactées ou pauvres en matière organique demandent des ajustements et un accompagnement pour être adaptées à ce mode de culture. En outre, il faut souvent repenser les itinéraires techniques et former les agriculteurs aux nouvelles pratiques, comme le semis direct ou l’utilisation de couverts végétaux.

Il est également crucial de gérer autrement les adventices (mauvaises herbes). Lorsque le désherbage mécanique n’est plus possible, certains agriculteurs se tournent vers des produits chimiques comme le glyphosate. La transition vers des alternatives plus respectueuses de l’environnement est donc fondamentale pour faire de l’agriculture sans labour une véritable solution durable.

Un pas vers l’agriculture de demain

L’agriculture sans labour s’inscrit dans une démarche globale de transition agroécologique. En améliorant la santé des sols, en protégeant l'environnement et en soutenant l'adaptabilité face au changement climatique, elle se positionne comme une alternative crédible et ambitieuse pour relever les défis agricoles du 21ᵉ siècle.

Mais au-delà des bénéfices écologiques, cette pratique invite également les agriculteurs à repenser leur manière d’interagir avec leurs terres. Elle replace le sol au cœur de l’exploitation agricole, non plus comme une simple ressource à exploiter, mais comme un système vivant à préserver.

Et vous, agriculteurs ou amoureux de la nature, qu’en pensez-vous ? Pensez-vous que l’agriculture sans labour est prête à révolutionner les pratiques agricoles mondiales ? Cet enjeu passionnant mérite toute notre attention et reste au centre de nombreuses innovations. N’hésitez pas à partager vos expériences ou vos questions dans les commentaires ci-dessous et participons ensemble à cette conversation essentielle.

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