les haies et les arbres : piliers oubliés de l’agriculture durable

16 avril 2025

l’importance historique et écologique des haies et des arbres

Autrefois omniprésentes dans nos campagnes, les haies et les arbres délimitaient les parcelles, protégeaient les cultures et offraient un habitat précieux pour la biodiversité. Au fil des décennies, leur arrachage massif au profit de parcelles plus grandes a fait chuter leur densité de manière alarmante. D’après l’Union européenne, entre 1960 et 1990, plus de 70 % des haies ont été supprimées en France.

Pourtant, leur importance écologique est majeure :

  • Abri pour la biodiversité : les haies abritent de nombreuses espèces d’oiseaux, insectes pollinisateurs et petits mammifères essentiels aux écosystèmes agricoles.
  • Amélioration de la qualité des sols : les racines des arbres stabilisent les sols et limitent l’érosion, un problème aggravé par le changement climatique.
  • Stockage de carbone : les haies et les arbres capturent chaque année des tonnes de CO2, contribuant ainsi à atténuer le réchauffement climatique.

Selon l’ONG Agroforestry Europe, une haie bien implantée peut stocker entre 0,3 et 5 tonnes de CO2 par hectare par an, un chiffre significatif dans la lutte contre les émissions agricoles.

les nombreux avantages d’intégrer des arbres et des haies dans une exploitation

Outre leur rôle écologique, les haies et les arbres apportent une réelle valeur ajoutée aux exploitants. Voici quelques bénéfices concrets :

séquestration de carbone et climat

Comme mentionné précédemment, la séquestration carbone figure parmi leurs atouts majeurs. Mais ce n’est pas tout : les haies servent également de brise-vent, limitant les pertes d'eau par évaporation et protégeant les cultures des intempéries. En période de sécheresse et de vents forts, cela peut être une bénédiction pour les agriculteurs.

biodiversité et régulation des nuisibles

Les haies et arbres sont des refuges pour les prédateurs naturels des ravageurs tels que les coccinelles ou les mésanges, réduisant ainsi la nécessité d’utiliser des pesticides. Une étude menée par l’INRAE (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement) a démontré que les haies bien gérées peuvent réduire l’utilisation d’intrants de 10 à 15 %.

santé des sols

Les racines des arbres agissent comme de véritables "pompes biologiques" : elles vont chercher les nutriments en profondeur, enrichissant la couche arable en surface et réduisant l'épuisement des sols. Par ailleurs, les feuilles tombées se décomposent et enrichissent naturellement la terre, un processus particulièrement bénéfique pour les cultures.

comment intégrer haies et arbres dans une exploitation agricole ?

Planter des haies ou pratiquer l’agroforesterie demande quelques étapes clés pour garantir leur efficacité et leur pérennité. Voici comment procéder :

choisir les essences adaptées

Il est essentiel de sélectionner des espèces locales et rustiques, adaptées au climat, au type de sol et aux besoins de l’exploitation. Des arbres résistants comme le chêne, le cormier ou le noyer peuvent être associés à des arbustes comme le prunellier ou le sureau. Ces espèces indigènes offrent aussi l’avantage d’être favorables à la faune locale.

savoir où et pourquoi planter

La disposition des haies et des arbres sur la parcelle joue un rôle crucial. Voici quelques exemples :

  • En bordure de champs : pour protéger les cultures du vent et limiter le ruissellement de l’eau.
  • Autour des points d’eau : pour stabiliser les berges et limiter la pollution agricole.
  • Dans les pâturages : pour offrir ombre et abri au bétail.

adopter une gestion pérenne

Planter une haie ou des arbres, c’est bien ; les entretenir, c’est encore mieux.

  • Évitez les tailles drastiques : privilégiez des tailles douces pour maintenir la fonction écologique de la haie.
  • Pratiquez le recépage, une taille à ras de certains arbustes, pour rajeunir le bois et stimuler leur croissance.

Enfin, pensez à associer les haies aux cultures "+", comme les légumineuses, qui enrichissent les sols en azote.

l’agroforesterie, un modèle prometteur

L’agroforesterie, qui combine les arbres avec les cultures ou les pâturages, donne une nouvelle dimension à l’intégration des arbres dans l’agriculture. Cette pratique présente un double avantage : optimiser les surfaces tout en renforçant leur résilience.

Selon le Réseau français d’agroforesterie, les rendements des cultures peuvent augmenter de 15 à 20 % grâce à l’ombrage partiel offert par les arbres et à une meilleure utilisation des ressources en eau et en nutriments.

Quelques exemples d’agroforesterie :

  • Sylvo-pastoralisme : utilisation des arbres pour offrir de l’ombre et de la nourriture au bétail.
  • Vergers-maraîchers : intégration d’arbres fruitiers dans des parcelles de maraîchage.

un avenir fertile grâce aux haies et aux arbres

Les haies et les arbres, parfois perçus comme des obstacles dans les champs, se révèlent être des leviers incontestables pour une transition agroécologique réussie. Leur contribution va bien au-delà de l’environnement : ils sont des alliés précieux de la productivité, de la biodiversité et du climat.

Repenser nos paysages agricoles en y réintégrant des éléments oubliés pourrait changer la donne pour les générations futures. Agriculteurs, viticulteurs ou simplement passionnés de nature, qu’attendez-vous pour planter la révolution verte ?

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