Comment rendre la gestion de l'eau en agriculture plus écologique ?

20 avril 2025

L'impact de l'agriculture sur les ressources en eau

Selon l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), l'agriculture consomme environ 70 % des ressources en eau douce disponibles sur la planète. Dans certaines régions arides, ce chiffre peut même grimper jusqu'à 90 %. Mais l’impact ne s’arrête pas là. L'irrigation excessive peut entraîner une salinisation des sols, et l’utilisation d’engrais en grande quantité provoque des pollutions des nappes phréatiques et des cours d’eau. Ces problématiques démontrent à quel point la gestion durable de l'eau en agriculture est devenue un impératif écologique et sociétal.

Heureusement, les solutions existent. Progrès technologiques, savoir-faire traditionnels et pratiques agroécologiques ouvrent la voie à une agriculture plus respectueuse des ressources hydriques. Voici quelques-unes des approches les plus prometteuses.

Les pratiques agricoles pour optimiser l’utilisation de l’eau

Passer à des systèmes d’irrigation performants

Pour réduire les pertes d’eau, il est crucial d’abandonner les systèmes d’arrosage inefficaces au profit de technologies modernes comme l’irrigation au goutte-à-goutte ou l’irrigation souterraine. Ces systèmes apportent de l’eau directement à la racine des plantes, limitant ainsi l’évaporation et le ruissellement. Par exemple :

  • L’irrigation goutte-à-goutte: elle permet de réduire jusqu’à 70 % la quantité d’eau utilisée par rapport aux méthodes classiques d’arrosage.
  • L’irrigation contrôlée par capteurs: grâce à des capteurs d’humidité du sol, les agriculteurs peuvent ajuster précisément la quantité d’eau fournie en fonction des besoins réels des cultures.

En ajoutant des systèmes de gestion automatisés, comme l’utilisation d’intelligence artificielle ou d’applications connectées, l’agriculture peut passer un cap vers une utilisation ultra-efficiente des ressources en eau.

Adapter les cultures aux conditions locales

Un choix éclairé des cultures peut aussi réduire considérablement la pression sur les ressources en eau. Voici quelques pistes :

  • Privilégier les variétés locales, qui sont souvent mieux adaptées à la disponibilité en eau et au climat de la région.
  • Opter pour des cultures moins gourmandes en eau : des espèces comme le sorgho, le millet ou le pois chiche sont des alternatives intéressantes aux céréales plus demandeuses, comme le maïs.
  • Pratiquer la rotation des cultures : alterner les cultures peut améliorer la structure du sol et favoriser une meilleure rétention de l’eau.

Un bon exemple vient de la Californie, où de nombreux agriculteurs ont intégré des cultures résistantes à la sécheresse pour répondre aux périodes de pénurie d’eau liées au climat chaud.

L'agroécologie : une approche intégrée pour préserver l’eau

Si les solutions technologiques sont importantes, les principes de l’agroécologie peuvent apporter de véritables bénéfices en termes de gestion de l’eau. En favorisant le fonctionnement naturel des écosystèmes, cette approche minimise les besoins en ressources externes, notamment l’eau.

Préserver les sols pour mieux stocker l’eau

Les sols bien structurés et riches en matière organique jouent un rôle clé dans la rétention d’eau et la réduction du ruissellement. Voici quelques techniques agroécologiques qui favorisent des sols "vivants" :

  • Couverts végétaux: protéger les sols avec des cultures intermédiaires – comme les trèfles ou la luzerne – préserve leur humidité et empêche l’érosion.
  • Compost et amendements organiques: ces pratiques enrichissent les sols en humus, augmentant leur capacité à retenir l’eau.
  • Non-labour des sols: en limitant le labour, on préserve les micro-organismes qui participent à l’équilibre du sol et à sa capacité de rétention hydrique.

Repenser les paysages agricoles

La gestion écologique de l’eau passe aussi par la manière dont les paysages agricoles sont conçus. Voici quelques exemples :

  • Aménager des haies et des bosquets qui freinent le vent et aident à maintenir l’humidité dans le sol.
  • Créer des mares ou des zones tampon pour récupérer l’eau de pluie et limiter les risques de pollution des cours d’eau.
  • Utiliser des terrasses dans les zones à forte pente afin d’éviter le ruissellement et de maximiser l’infiltration de l’eau.

Ces aménagements offrent, en plus, des habitats pour la biodiversité, ce qui permet d’enrichir les écosystèmes locaux et d’augmenter leur résilience face aux aléas climatiques.

Les innovations scientifiques au service de la durabilité

À l’intersection de la technologie et de l’écologie, d’incroyables innovations ouvrent des perspectives inédites pour la gestion de l’eau en agriculture :

  1. Les cultures résistantes à la sécheresse: grâce à la sélection variétale et parfois à la biotechnologie, des plantes plus économes en eau et capables de résister à de longues périodes de stress hydrique voient le jour.
  2. La récupération des eaux usées traitées: plusieurs agricultures urbaines ou périurbaines utilisent des eaux grises recyclées pour l’irrigation, une méthode qui évite de puiser dans les ressources en eau potable.
  3. La condensation d’eau atmosphérique: des dispositifs novateurs permettent de récupérer l’humidité contenue dans l’air pour arroser les cultures dans des zones particulièrement arides.

En Israël, pionnier en matière d’exploitation durable de l’eau, des capteurs connectés et des systèmes de dessalement sophistiqués sont devenus des outils incontournables pour l’agriculture.

Vers une révolution de la gestion de l'eau en agriculture

La transition vers une gestion écologique de l’eau en agriculture nécessite un changement de paradigme. Elle demande un engagement collectif, non seulement des agriculteurs, mais aussi des décideurs politiques, des chercheurs et de la société dans son ensemble. Investir dans des infrastructures modernes, sensibiliser aux bonnes pratiques et encourager l’innovation sont autant de leviers pour avancer dans cette voie.

Pour les professionnels du secteur ou les passionnés de durabilité, les opportunités de s’impliquer sont nombreuses. Adopter des pratiques économes en eau, participer à des projets locaux de préservation des ressources ou soutenir des agricultures innovantes, tout cela contribue à redéfinir notre rapport à l’eau et à sécuriser notre avenir alimentaire dans un contexte climatique incertain.

Réapprendre à gérer l’eau de manière durable est donc autant un défi qu’une chance à saisir. La planète et les générations futures nous en seront reconnaissantes.

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